Les Terres de Corrèze ont été le théâtre de l’une des plus célèbres affaires criminelles de la France du XIXème siècle : L’Affaire Lafarge !
Marie Capelle est accusée d’avoir empoisonné son époux : maître de forges au Glandier. Elle fut condamnée aux travaux forcés à perpétuité et fut graciée peu de temps avant sa mort.

Après une première partie sur la jeunesse et le mariage de Marie Capelle, place au célèbre procès !

Cris Bastiane

La chartreuse de Glandier

L’édifice, entouré de son écrin de verdure, fût le théâtre de l’Affaire Lafarge.

Du château rêvé au cachot avéré

DreamLab Canva

Suite aux suspicions de la mère de Charles Peuch Lafarge et à la demande du procureur, la gendarmerie perquisitionne la demeure du couple au Glandier le lendemain du décès, et découvre de l’arsenic.
Des analyses toxicologiques sont effectuées et une autopsie du corps du défunt est pratiquée le 16 janvier 1840.
De plus, le témoignage d’un personnel de maison qui avait été missionné pour acheter de la mort aux rats en quantité importante va l’accabler.

Marie Capelle est arrêtée le matin du 23 janvier 1840 et conduite à la maison d’arrêt de Brive-la-Gaillarde.
Une perquisition est également réalisée dans l’appartement de Charles à Paris afin de collecter des morceaux de gâteaux, mais rien de suspect n’est retrouvé.
En parallèle, Marie est également accusée du vol d’une parure de diamants qui sera retrouvée dans le mur de sa chambre au Glandier. Lors de ce procès, Maître Charles Lachaud plaide pour elle. Malgré ses talents d’orateur, elle est condamnée à 2 ans de prison.

L’Affaire Lafarge : une des plus célèbres affaires criminelles françaises #2
Nadar – Gallica

Zoom sur Charles Lachaud

Charles Lachaud est né à Treignac en 1817, son père est notaire et maire de la ville. Il fera des études de droit à Paris afin de devenir avocat. Il s’illustre dans divers célèbres procès. Il défendra entre autres Marie Capelle Lafarge mais aussi le peintre Gustave Courbet dans le cadre de l’affaire de la colonne de Vendôme lors de la Commune de Paris.
Charles Lachaud décède à Paris le 09 décembre 1882.

 

Une statue de l’avocat, située Place de la République à Treignac, lui rend hommage.

Un gâteau créé par la chocolaterie Borzeix-Besse porte également son nom, ainsi qu’une avenue à Brive-La -Gaillarde.
Sa maison à Treignac est toujours visible. La famille Lachaud en a fait don à la commune. Elle abrite aujourd’hui le musée des arts et traditions populaires de la Haute-Vézère, animé par Les Amis de Treignac. A l’intérieur s’y trouve un portrait du célèbre avocat et de son petit-fils, Marc Sangnier, lui aussi illustre personnage en tant que fondateur des Auberges de Jeunesse.

Un procès retentissant

8 mois après le décès de son époux, Marie Capelle comparait devant la cour d’assises de Tulle pour meurtre par empoisonnement. Le procès débute le 3 septembre 1840 et, au fur et à mesure des audiences, une foule de plus en plus nombreuse se bouscule pour y assister ! Plusieurs dizaines de témoins se succèderont à la barre ! Maître Paillet, bâtonnier du barreau de Paris assure la défense de Marie en tant qu’avocat principal. A la demande de Marie, Charles Lachaud l’assistera.

De nombreuses expertises sont menées et notamment l’investigation chimique de l’estomac, de son liquide et des vomissements de Charles Peuch Lafarge réalisées par Monsieur Dupuytren et Messieurs Dubois (père et fils), chimistes de Limoges. Aucune présence d’arsenic n’est mentionnée dans ce rapport.
La cour d’assises de la Corrèze ordonne l’exhumation du corps du défunt. Elle est faite en présence de plusieurs médecins, de membres du jury médical de Tulle et des trois chimistes mentionnés précédemment. Plusieurs procédés de l’époque sont utilisés. Toujours aucune présence d’arsenic n’est révélée.
Cependant sur certaines pièces à conviction récupérées au Glandier, la présence d’arsenic est notamment trouvée dans du lait de poule.

Suite à de nombreuse expertises contradictoires, Monsieur Mathieu Orfila, doyen de la faculté de médecine de Paris, et Monsieur Alexandre Bussy, docteur en médecine et professeur de chimie à l’école de pharmacie de Paris, doivent procéder à une expertise devant les assises de la Corrèze. Cette dernière révélera la présence d’arsenic dans l’estomac de Charles ainsi que dans les viscères.
La défense appelle en dernier recours un chimiste de Paris : Monsieur Raspail afin de réaliser une contre-expertise mais celui-ci n’arrive pas à temps…

Verdict

Marie Capelle est déclarée coupable d’empoisonnement sur son mari et condamnée aux travaux forcés à perpétuité. Elle tente un pourvoi en cassation qui est rejeté.
Marie, accompagnée de sa femme de chambre, quitte la prison de Tulle le 8 novembre 1841. Elle est transférée à la maison de force et de correction de Montpellier afin de purger sa peine. Elle y écriera notamment ses mémoires et correspondra avec des personnalités littéraires de son temps comme George Sand. Sa santé se détériore.

Elle fut finalement graciée en 1852 par Louis-Napoléon (futur Napoléon III). Elle décède peu de temps après à l’âge de 37 ans. Elle repose à Ornolac-Ussat-Les-Bains (département de l’Ariège).

Gravure de Armand Fouquier

La vrai Mme Bovary

Affiche du film : L’Affaire Lafarge

Ce personnage énigmatique aurait inspiré Flaubert pour son personnage de Mme Bovary.

Un film intitulé « L’Affaire Lafarge » a été réalisé par Pierre Chenal dans les années 1930 avec Marcelle Chantal dans le rôle de Marie Capelle et Pierre Renoir (fils du peintre et frère du réalisateur) dans celui de Charles Peuch Lafarge.
Le film présenté au public briviste en avant-première en 1938, fut ensuite oublié pendant 70 ans dans un grenier. Grâce à la Cinémathèque du Limousin, le film a été retrouvé et numérisé pour être projeté au public uzerchois le 12 avril 2014. Uzerche, a en effet été, en partie, le théâtre de cette histoire, avec la maison Eyssartier où se trouvait la pharmacie dans laquelle fut acheté l’arsenic ; cette maison, au cœur de la ville ancienne, est toujours visible.

A l’heure actuelle, des doutes subsistent quant à la culpabilité de Marie Capelle Lafarge et suscitent toujours des débats. Toutefois, grâce aux progrès scientifiques Marie Lafarge a été réhabilitée par l’Académie de médecine de Paris.

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Lucille

À propos de Lucille

Passionnée de patrimoine et de chevaux, j'aime vivre au rythme des Terres de Corrèze !

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